Jimmy Savile, ici caricaturé en ogre, a commis 214 agressions sexuelles, dont 72 à la BBC. Illustration Steve Caplin.
Jimmy Savile, ici caricaturé en ogre, a commis au moins 450 agressions sexuelles, dont 72 à la BBC. Illustration Steve Caplin.

Un rapport interne de la BBC révèle que plusieurs personnes haut placées y étaient au courant des agressions sexuelles du présentateur Jimmy Savile, révélées après sa mort en 2011.

Par David Marquet

On ignorait encore comment Jimmy Savile, animateur vedette de la BBC dans les années 1970-1980, avait pu commettre des agressions sexuelles en toute impunité sur son lieu de travail. Grâce au rapport interne de Janet Smith, détaillé par Le Monde, on en sait désormais un peu plus.

Ce rapport révèle une atmosphère de « peur » et de « déférence » à l’égard de cette star de la télévision britannique, extrêmement populaire pour ses émissions Top of the pops ou Jim’ll fix it. Son auteur, Janet Smith, ex-magistrate de la Cour d’appel, y met au jour le détail des crimes de Savile sur près de 800 pages, démontrant que plusieurs responsables étaient au courant mais ne disaient rien, précise L’Expansion. S’appuyant sur l’exemple du révérend en charge des émissions religieuses, elle développe : « Il y avait une culture hiérarchique au sein de la BBC qui favorisait l’idée que ce n’était pas à lui de soulever le problème de la conduite de Savile mais que c’était de la responsabilité de quelqu’un de plus haut placé. Après tout, tout le monde semblait connaître les rumeurs ».

Rapportée par The Independent (en anglais), son enquête dénonce 72 victimes :

  • 57 femmes et 15 hommes. Parmi les victimes de sexe féminin, 21 avaient moins de 16 ans et 36 avaient seize ans ou plus. 13 des victimes de sexe masculin avaient moins de 16 ans et deux d’entre elles 16 ans ou plus.
  • Huit victimes furent violées (six femmes et deux hommes) et une femme a fait l’objet d’une tentative de viol.
  • Top of the Pops et Jim’ll Fix It étaient les programmes le plus souvent liés à ces agressions sexuelles.
  • 44 victimes furent agressées dans les années 1970 (la majorité), 10 dans les années 1960 et 17 dans les années 1980.
  •  La plus jeune victime d’abus sexuels était âgé de huit ans seulement.

Cependant le rapport de Mme Smith ne prouve pas la responsabilité de la BBC en tant que personne morale, précise encore Le Monde.

« Le pire prédateur sexuel de l’histoire du pays »

C’est l’émission d’investigation Exposure, de la chaîne ITV, qui dévoile un an après sa mort le scandale des agissements sordides de Jimmy Savile (en anglais) :


Exposure – The Other Side of Jimmy Savile – 3th… par GerrardOlympic

Le témoignage des cinq victimes amène Scotland Yard à ouvrir une enquête sur celui qu’il qualifieront de « pire prédateur sexuel de l’histoire du pays », relate Paris-Match. Car Le Parisen note que l’homme anobli par la reine aurait fait au moins 450 victimes âgées de cinq à soixante-quinze ans au cours de sa carrière. En utilisant sa notoriété comme passe-droit, il sévissait aussi dans les hôpitaux, pour lesquels il aidait à lever des fonds (voir encadré). Et l’appétit destructeur de la star ne semblait pas connaître de limite.The Guardian (en anglais) précise que le dernier de ses crimes remonte à 2009, deux ans avant sa mort : il était âgé de 82 ans.

 


LES AUTRES VICTIMES DE SAVILE


Dans les hôpitaux…



Le présentateur vedette avait porte ouverte dans 28 hôpitaux britanniques, dont l’établissement psychiatrique Broadmoor et le Leeds General Infirmary. Détaillé par The Guardian (en anglais), un rapport de la NHS (National Health Security) révèle qu’il y a commis au total au moins 71 agressions sexuelles, dont 17 sur des membres du personnel, et une victime de viol âgée de douze ans. Le Monde explique que sa réputation et les dons qu’il faisait à ces centres de santé lui assuraient la discrétion des dirigeants, qui refusaient de prendre au sérieux les plaintes des enfants.


… et dans les morgues


Brancardier ayant libre accès dans les années 1970-1980 aux morgues des hôpitaux cités plus haut, Savile ne cachait pas son attirance pour les morts. Il évoquait en plaisantant le sexe oral avec les cadavres de Broadmoor, ou montrait ses bagues avec « des yeux de verre provenant des corps de l’hôpital de Leeds », relève encore The Guardian (en anglais). Sans jamais être soupçonné de s’adonner réellement à ces pratiques, jusqu’aux témoignages reçus dans le cadre de l’enquête de la NHS.