Une figurine du reporter belge ayant servi à l’ébauche de « Tintin chez les fourmis », un projet finalement abandonné.
Une figurine du reporter belge ayant servi à l’ébauche de « Tintin chez les fourmis », un projet finalement abandonné.

 

La nouvelle secoue le monde de la bande dessinée : un album inédit de Tintin sortira le mois prochain. Mais l’événement est ailleurs : pour la première fois, le jeune reporter belge s’y essaie à la rédaction d’un article pour son journal.

Par David Marquet

Les « jeunes de 7 à 77 ans » se réjouiront : une aventure inédite de Tintin sortira prochainement. Pourtant, cet album posthume n’est pas la plus grande surprise. C’est surtout son scénario qui retient l’attention. En effet, le héros belge évoluera pour la première fois dans un univers dont il est peu familier : la salle de rédaction de son journal.

L’histoire débute quand le rédacteur en chef lui demande si son « papier » sera prêt pour le « bouclage » de l’édition du lendemain. « Bien sûr », répond Tintin. Mais Milou nous apprend la vérité : son maître a oublié de le rédiger. Il s’assied donc à son bureau en quête d’un sujet.

Si le reporter en culottes de golf ne quitte pas sa machine à écrire pendant les soixante-deux pages, cela n’empêche pas les autres protagonistes de lui rendre visite, chacun lui donnant une nouvelle idée d’article. Haddock lui fait envisager une enquête sur l’alcoolisme dans la marine marchande, Tournesol une analyse des ravages de la surdité chez les scientifiques. Tous (y compris la Castafiore) réclament son assistance pour démêler un mystère à l’autre bout du monde. Le héros se voit contraint de refuser à chaque fois : il doit travailler.

C’est un réel plaisir de voir Tintin en proie à l’angoisse de la page blanche et aux récriminations du secrétaire de rédaction, venant lui réclamer son texte toutes les cinq minutes afin de pouvoir le relire et le titrer.

À l’origine de cet album, une remarque d’un des plus chers amis de l’auteur, Tchang Tchong-Jen : « Franchement, Georges, ça te gêne pas qu’on paie ton journaliste à rien foutre ? » Piqué au vif, Georges Rémi (Hergé) s’attelle illico à Tintin au bouclage. Pour plus de réalisme, il croque des mois durant les locaux des quotidiens belges, poussant même le sacerdoce jusqu’à regarder la définition du mot « reporter » dans le dictionnaire. Il en fit éditer un exemplaire unique qu’il offrit à son Tchang Tchong-Jen. C’est cet album dont les ayants-droits de l’auteur ont finalement décidé d’autoriser la publication.

Déjà annoncé comme le succès BD de l’année, les lecteurs constateront à quel point l’auteur avait pris cette tâche à cœur. Et plus personne ne pourra dire que Tintin est payé « à rien foutre ».