Si l'existence d'une neuvième planète se voyait confirmée dans notre système solaire, elle devrait se situer aux confins de notre galaxie.
Si l’existence d’une neuvième planète se voyait confirmée dans notre système solaire, elle devrait se situer aux confins de notre galaxie.

Au début, c’était simple. Pluton était la neuvième planète du système solaire. Ça se complique quand elle n’est plus qu’une planète naine. Aujourd’hui, c’est encore plus tordu : la « planète 9 », dont l’orbite a été calculée mais pas observée, pourrait être cette neuvième planète. Ou pas. Explications.

Par David Marquet

Les nostalgiques de la planète Pluton sont légion. Découverte en 1930 par l’astronome américain Clyde Tombaugh, elle menait sa petite vie paisible de planète dans le meilleur des espaces infinis possibles. Jusqu’à ce que, patatras ! en 2006, un certain Michael Brown, astrophysicien, professeur de planétologie au prestigieux California Institute of Technology (CalTech), prouve la présence d’objets transneptuniens (au-delà de Neptune, planète la plus lointaine du système solaire). Et décide de réviser à la fois la définition d’une planète et le statut de Neptune, reléguée au rang infamant de planète naine. Dégradation hélas aussitôt entérinée par l’Union astronomique internationale, comme l’annonçait Sciences & Avenir.

Et Brown ne s’arrête pas là : non content de porter des shorts et des sandales au travail, comme le révèle L’Obs, il se vante de ce meurtre éhonté dans un livre au titre éloquent : Comment j’ai tué Pluton et pourquoi elle l’a bien cherché (en anglais). Ni les nombreuses lettres d’indignation qu’il reçut, ni même les récriminations de sa propre fille ne l’en feront démordre : « Ma fille est toujours assez en colère contre moi par rapport à s rétrogradation, même si elle était à peine née, à l’époque », rapporte Slate.fr. Ce qui n’est pas une raison suffisante pour détruire l’imaginaire d’enfants innocents, lui-même en convient : « Elle a suggéré il y a quelques années qu’elle me pardonnerait si je trouvais une nouvelle planète. Donc j’imagine que j’ai fait ça pour elle.» Car, ironie de l’histoire (ou volonté de rédemption ?), c’est Michael Brown qui est à l’origine du calcul de l’orbite probable de la « planète 9 ».

Un nouvel espoir

En effet, Brown et son collègue de Caltech (et ancien élève) Konstantin Batygin ont découvert des perturbations très lointaines dans notre système solaire, comme l’explique Le Monde. À partir de nombreuses données récoltées sur les objets transneptuniens et de calculs mathématiques, ils ont établi que ces objets partageaient des orbites si similaires qu’il n’y aurait que 0,007 % de chance pour que ce soit un hasard. Ces orbites seraient donc dûes à une neuvième planète, qu’ils ont sobrement (pour une fois) baptisée « planète 9 ». Ce qui n’est pas une découverte en soi, mais un point de départ suffisamment solide pour en prouver l’existence.

D’après les deux astronomes, cette planète glacée aurait une masse dix fois plus importante que celle de la Terre, indique Europe 1, et mettrait 10 000 à 20 000 ans pour effectuer sa révolution autour du Soleil, toujours selon Le Monde. Autant dire qu’on n’est pas près de la voir, même si un directeur de recherches du Centre national pour la recherche scientifique (CNRS) a une idée plus précise de l’endroit où la chercher, rapporte Sciences & Avenir.

En outre, l’énormité supposée de ce corps céleste déchaîne les passions complotistes, s’amuse Paris-Match. Elle serait suivant ces théories farfelues soit Némésis (nom grecque de la déesse de la colère des dieux, tout un programme !), prétendument responsable de l’extinction des dinosaures, soit Nibiru, qui aurait dû provoquer la fin du monde le 21 décembre 2012.

Pour ne rien arranger, L’Obs précise que deux astrophysiciens européens prétendent qu’il y aurait deux planètes au-delà de Neptune… En attendant, Pluton continue de faire la gueule, et milite pour le statut de « planète de petite taille », pour tenter de préserver ce qui lui reste de dignité galactique.