Alexander Van der Bellen devient le neuvième président de la Seconde République d’Autriche.

Alexander Van der Bellen a remporté l’élection présidentielle d’Autriche avec 50,3 % des voix. Cette courte victoire de l’écologiste sur son adversaire du FPÖ donne des ailes à l’extrême-droite, qui n’a jamais été aussi proche du pouvoir. Le part vise à présent la chancellerie, avec de bonnes chances d’y accéder.

Par David Marquet

31 026 personnes. Ce nombre infime a évité à l’Autriche un président d’extrême-droite en élisant lundi 23 mai Alexander Van der Bellen, soutenu par les Verts (Die Grünen), souligne Libération. Cela représente la population d’une ville comme Périgueux. Soit 0,69 % des suffrages – sur les 4 477 942 exprimés – qui ont permis au candidat écologiste de l’emporter in extremis avec 50,3 % des voix. Mais Norbert Hofer, son adversaire du FPÖ (Parti de la liberté d’Autriche), a su convaincre 49,7 % des électeurs : un chiffre qui fait froid dans le dos.

Le résultat très serré des élections montre que la victoire de Van der Bellen est loin d’être un plébiscite. Fait inédit, les deux candidats étaient impossibles à départager dimanche soir. Il a fallu attendre le lendemain, et le dépouillement des votes par correspondance pour connaître le résultat. De plus, note Ouest-France, Norbert Hofer partait favori, avec 35 % au premier tour, loin devant l’écologiste, qui n’avait obtenu que 21 %. La participation à peine plus élevée au second tour (73 %, soit trois points de plus seulement) montre là encore qu’il ne s’agit pas d’un sursaut républicain d’une ampleur comparable à celui des présidentielles françaises de 2002.

Surtout qu’en Autriche comme en Allemagne, le président a des fonctions limitées. Heinz-Christian Strache, le dirigeant du FPÖ, a de plus hautes ambitions : les prochaines législatives et la chancellerie, le véritable pouvoir exécutif. Et il en a les moyens : le mouvement est très bien installé dans le pays. Depuis des années, indique Le Monde, le FPÖ dirige, ou a dirigé des länder (l’équivalent de nos régions) seul ou en coalition avec d’autres partis, y compris le SPÖ (Parti social-démocrate d’Autriche, classé à gauche).

Autre facteur jouant en sa faveur, l’actualité, et particulièrement la question des migrants. L’Autriche est le pays européen qui a accueilli le plus de réfugiés (90 000 personnes en 2015) avant de décider de fermer ses frontières, comme l’indique 20 minutes. Pour un parti pour qui Bruxelles est une « agence de voyages pour immigrés »rappelle Le Monde, et dans un pays où 61 % des gens refusaient l’accueil des immigrés avant cette décision de Vienne, c’est du pain bénit.

Il n’est donc pas étonnant que ses alliés au Parlement européen se réjouissent. dans un communiqué, le Front national a félicité Norbert Hofer pour cette « performance historique » prometteuse de succès « ailleurs dans le monde », selon Marine Le Pen, indique Le Figaro. On peut tout aussi bien comprendre l’enthousiasme « jedi » du secrétaire national d’Europe Ecologie-Les Verts David Cormand :

En revanche, un tel scénario paraît peu probable en France. Éva Joly fut éliminée en 2012 avec 2,31 % des voix, se souvient L’Obs. Reste à espérer que si le cas se présentait, les Français suivraient l’exemple autrichien. Même si aussitôt élu, Alexander Van der Bellen a déclaré vouloir « mettre en retrait du parti des Verts dès ce soir », remarque toutefois Le Figaro.