Nous, les femmes, avons un message à vous faire passer.

Nous, les femmes, souhaitons que nos droits ne soient pas seulement respectés et célébrés lors du 8 mars, journée internationale du droit des femmes, mais tous les jours de l’année.

Nous, les femmes, voulons établir une fois pour toutes que notre corps nous appartient, et qu’aucune instance, morale, politique ou religieuse, ne peut s’arroger le droit d’en disposer, que ce soit pour nous rabaisser en raison de nos règles, comme le souligne le Huffingonpost, nous marier de force, comme le relève la Croix, nous imposer une grossesse en nous interdisant la contraception, comme l’indique le Monde, ou pire encore, nous mutiler par l’excision, une pratique barbare encore trop répandue, note le Figaro.

Nous, les femmes, clamons haut et fort que nous pouvons choisir de ne pas avoir d’enfants, de ne pas nous marier, d’aimer d’autres femmes ou même de vivre sans partenaire aucun sans que la société nous montre du doigt. Nous, les femmes, nous habillons comme bon nous semble, et, quelle que soit la tenue choisie, n’avons pas à supporter les remarques sexistes des hommes ni d’autres femmes. Nous, les femmes, aimons aussi nous saper comme des sacs si l’envie nous en prend, et porter un vieux T-shirt délavé et un jogging informe car nous rien ne nous oblige à être sexy et sophistiquées, ni même élégantes.

Nous, les femmes, exigeons de ne plus jamais être victimes de viols (rien qu’en France, 12 % d’entre nous ont été confrontées à ce supplice) d’agressions ou de harcèlement sexuels ou de violences physiques, que ce soit dans notre vie privée ou notre travail. Nous, les femmes, en avons assez de ces tristes statistiques qui montrent que sept d’entre nous sur dix sont victimes de violences physiques ou sexuelles, et frémissons d’horreur à la liste des violences faites aux femmes en France en seulement une semaine, comme le montre cet article de France Info.

Nous, les femmes, en avons plus que marre des sifflements dans la rue, des dragueurs lourdingues aux répliques éculées ou injurieuses, des mains baladeuses et des hommes qui se frottent contre nous dans les transports en commun.

Nous, les femmes, le disons une bonne fois toutes : quand nous disons « non », ça veut dire « non ». Pas « oui », pas « peut-être », pas « faut voir ». Non, juste non.

Femmes du Minnesota manifestant contre la « War against Women » le 28 avril 2012. Photo : Fibonacci Blue.

Nous, les femmes, ne sommes en aucune façon prédestinées à faire la vaisselle, le ménage ou la lessive. Nous, les femmes, sommes tout à fait autorisées à ne savoir pas faire cuire un œuf, fonctionner un aspirateur ou sélectionner un programme de lavage. Nous, les femmes, avons le droit de nous gaver de cochonneries, de porter comme les hommes des vêtements « à peu près propres » ou carrément sales, de vivre dans la poussière et la crasse si tel est notre bon vouloir.

Nous, les femmes, si nous décidons d’avoir des enfants, avons le droit d’être de « mauvaises mères  », car après les vomissements, les envies, le poids et la douleur qu’ils nous obligées à subir, nous avons le droit ne pas prendre de congé maternité pour retrouver au plus tôt notre travail adoré — et laisser leur père se débattre avec les couches et les nuits sans sommeil, d’être de mauvaise humeur, de les punir quand ils sont insupportables, de nous moquer d’eux s’ils sont ridicules, de ne pas faire leurs devoirs à leur place et même de leur dire que le Père Noël n’existe pas s’ils nous courent un peu trop sur le haricot.

Nous, les femmes, revendiquons le droit à un salaire égal à celui des hommes. Nous, les femmes, faisons nôtre cette maxime de Françoise Giroud : « La femme serait vraiment l’égale de l’homme le jour où, à un poste important, on nommerait une femme incompétente ». Nous, les femmes, sommes encore trop peu nombreuses à gouverner un pays, diriger une entreprise, ou exécuter des métiers tels que pilotes d’avion, bouchères, couvreuses-zingueuses, vitrières, maçonnes, agentes de sécurité, développeuses informatiques, cordonnières, jardinières, gardes forestières, gendarmes, officières et sous-officières, policières, viticultrices, ingénieurs aéronautiques, cheffes de chantier ou d’équipe BTP, plombières, électriciennes, agricultrices, viticultrices, contrôleuses des impôts ou des douanes… Nous les femmes désirons ardemment que cela change, et vite. Nous, les femmes, espérons par ailleurs qu’il est désormais clair depuis l’affaire Weinstein qu’aucune de nous, quel que soit notre métier, ne devons offrir des faveurs sexuelles en échange d’un rôle, d’une promotion ou d’une augmentation.

Nous, les femmes, ne supportons plus de nous voir imposer les diktats de la mode placardés sur tous les murs par le biais d’adolescentes rachitiques, qui ne correspondent aucunement à notre réalité.  Nous, les femmes, ne supportons plus toutes ces pubs qui nous ordonnent de ne pas vieillir grâce à des crèmes et des lotions hors de prix toujours présentées par des femmes qui ont la moitié de l’âge qu’elles prétendent avoir. Nous, les femmes, revendiquons le droit à être grosses, à être moches, pas maquillées et pas coiffées, de faire la gueule, d’être désagréables, de proférer des grossièretés, de ronfler, de péter, de roter, et même de cracher, et de vieillir toutes ridées mais en paix.

Nous, les femmes, n’avons pas besoin d’un homme pour vous dire tout ça, mais nous, les femmes, pensons qu’il est du devoir de chaque homme de vous convier également ce message.

David Marquet